Connaissez-vous… l’habitat participatif ?

11 avril 2017 par Cassandre Charrier Témoignages 122 visites

L’habitat participatif, késako ?

L’habitat participatif permet à des groupes de citoyens de concevoir, créer et gérer leur habitat collectivement. Il s’agit en général d’un groupe de personnes/foyers qui décident d’habiter ensemble et de partager plusieurs pièces et services commun-e-s. La différence avec une simple colocation est que chaque foyer dispose de son propre logement mais que et les habitants conçoivent, réalisent et gèrent ensemble des parties communes. Le concept a déjà séduit en Allemagne, en Suisse ou encore en Suède et gagne en popularité en France, notamment depuis la crise financière de 2008.

L’habitat participatif a plusieurs dénominations (habitat groupé, autogéré, collaboratif, solidaire…) et comprend plusieurs types de regroupement (immeubles, hameaux, éco-quartiers…).

L’un des objectifs de l’habitat participatif est le vivre-ensemble, c’est pourquoi le groupement des habitations est accompagné d’un ensemble d’espaces d’usage collectif et d’équipements de proximité permettant le développement d’une vie de voisinage conviviale.

Les projets se développent très souvent autour d’une volonté commune de réduire son empreinte écologique.

« Village Vertical », la coopérative d’habitants située à Villeurbanne dans le Rhône.

 

Pourquoi l’habitat participatif est écologique ?

Une importance particulière est accordée dès la conception aux performances énergétiques des bâtiments ainsi qu’aux méthodes de construction. Une réflexion préalable est menée sur la gestion des déchets et des eaux de pluie. Pendant la construction, la priorité est donnée aux matériaux locaux et peu gourmands en énergie.

La mutualisation permet également de réduire certains types de surconsommation. Par exemple, mutualiser les espaces permet de réduire la surface d’occupation : laveries, buanderies, bureaux, chambres d’amis, garages, ateliers et parfois cuisines peuvent être partagés et permettent ainsi de diminuer la taille des logements. Grâce à la mutualisation, la gestion de l’eau, de l’énergie, des déchets et des transports est optimisée.

Il arrive que les habitats collectifs s’équipent d’espaces de production agricole de taille réduite (serres, potagers, petite exploitation agricole) afin de favoriser l’autosuffisance alimentaire.

Les bâtiments construits sont généralement bioclimatiques (le chauffage et la climatisation sont réalisés en tirant le meilleur parti du rayonnement solaire et de la circulation naturelle de l’air) et passifs (consommation de très basse à nulle) voire à énergie positive (produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment).

 

Ecoravie, le projet d’habitat collectif dans la Drôme, existe depuis 2009.

 

Quelques exemples d’habitats participatifs

Ecoravie est un projet d’habitat collectif dans la Drôme, lancé en 2009. Les bâtiments construits seront à énergie positive. Grâce à l’implantation des bâtiments, aux choix des matériaux, aux serres et vérandas bien orientées, le soleil chauffe à lui seul les habitations, ce qui exclut l’utilisation d’un quelconque chauffage. L’électricité photovoltaïque produite pourra même être revendue. Le recyclage est développé au maximum au travers du compostage, de la récupération d’eaux des pluies, de la phyto-épuration (épuration par les plantes) et de l’utilisation de toilettes sèches.

L’éco-logis à Strasbourg est un projet qui a démarré en 2004. L’habitat se compose d’un immeuble de onze logements dans lequel dix familles ont emménagé en 2010. Cet habitat participatif fait partie de l’association Eco-quartiers Strasbourg qui regroupe tout type de projet d’habitats collectifs. L’immeuble est construit intégralement en bois (car celui-ci consomme peu d’énergie, capte le CO2 et il est recyclable). L’immeuble est également équipé de panneaux solaires et bénéficie d’une isolation renforcée afin de réduire au maximum la consommation d’énergie. L’eau chaude est produite par les capteurs solaires et l’eau froide fournie par la récupération d’eaux de pluie. Le bâtiment est classé basse consommation (label BBC) : il a consommé la première année moins de 65 kwh/m² habitable (en comparaison avec les 9900 kwh pour une maison de 70m2 sur un an). L’immeuble est également situé volontairement proche du centre-ville afin que les habitants ne soient pas dépendants des voitures mais puissent utiliser les transports en commun et/ou le vélo (seulement six places de parking ont été prévues pour l’immeuble, en priorité pour les familles avec enfants).

Les habitants se partagent un jardin, une salle des fêtes et de réunion commune, une buanderie équipée de trois lave-linges ou encore une chambre d’amis partagée. Des ruches sont également installées sur le toit de l’immeuble.

Enfin, le Village Vertical est une coopérative d’habitants située à Villeurbanne dans le Rhône. Quatorze ménages ont emménagé en 2013 dans un immeuble écologique. Les habitants se partagent des terrasses, une buanderie, une salle commune avec cuisine ou encore un jardin potager. Le Village Vertical est, selon les habitants eux-mêmes, un laboratoire d’écologie urbaine, de la conception du bâtiment (isolation, chauffage, matériaux sains, panneaux solaires…) aux modes de vie des habitants (gestion des déchets, limitation de la voiture en ville, achats groupés, échanges de services entre voisins). Le village est équipé d’une citerne de 7000 litres d’eau de pluie, d’un toit photovoltaïque et d’un système de pompe à chaleur qui récupère la chaleur de l’air des logements, pour préchauffer l’eau chaude sanitaire. Les lave-linges (communs) sont alimentés par l’eau de pluie.

 

L’éco-logis de Strasbourg, projet démarré en 2004.

 

Les habitats participatifs sont en général économiques et portent un aspect social : une partie des logements est mise à disposition en logement social (au Village Vertical de Villeurbanne, quatre logements sont attribués à des jeunes dont la situation nécessite un accompagnement social) ou pour les personnes âgées/handicapées, afin de combattre leur isolement.En des temps où les citoyens réalisent l’importance des thématiques du développement durable, du retour au collectif et où ils recherchent des solutions contre l’individualisme, l’isolement, la surconsommation ou encore la spéculation immobilière, les habitats participatifs apparaissent pour certains comme un modèle d’avenir.

 

Pour aller plus loin : 

L’émission FUTURE sur Arte : Demain, l’habitat participatif

La Carte des habitats participatifs (projets aboutis)

La Roche-sur-Yon. Habitat partagé et participatif, une nouvelle façon de vivre ensemble.

 

Article écrit par Marion Pignel, étudiante à Science Po Lille et membre de l’association La Ruche Sciences Po à retrouver sur leur page Facebook @laruchespl.

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