Avoir 20 ans en 2020 : quand la Covid-19 révèle les inégalités entre les jeunes

30 octobre 2020 par Nicolas Roux Témoignages 25 visites

« C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 ». Ces mots prononcés par Emmanuel Macron le 14 octobre dernier expriment une forme de compassion envers les jeunes. L’expérience du confinement puis du déconfinement, avec les mesures barrières, la distanciation sociale, la fermeture partielle des universités et les difficultés accrues à trouver un emploi évoquent en effet un climat anxiogène auquel tous seraient confrontés, devant faire face aux restrictions des sociabilités, à la précarité et à l’incertitude de l’avenir.

Ce message présidentiel contraste cependant avec d’autres discours gouvernementaux, jugés parfois culpabilisants. Certains ont en effet pointé les festivités étudiantes, qui expliqueraient les « clusters » à l’université, ou adopté une approche infantilisante, présentant les jeunes comme les principaux responsables de la diffusion du virus, notamment dans le spot « choc » du ministère de la Santé.

Dans un cas comme dans l’autre (compassion ou stigmatisation), la crise sanitaire, économique et sociale a renforcé les préoccupations et les injonctions à l’égard des jeunes. Et les mots utilisés pour les désigner laissent entendre qu’ils formeraient une communauté de destin – on a parlé de « Génération Covid » et Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, s’est inquiété de ce qu’il a nommé un « terreau d’une colère générationnelle ».

Pas une mais des jeunesses

Cette lecture générationnelle tend à faire des jeunes un bloc homogène, dans lequel ils partageraient une condition et une conscience communes : d’un côté « la jeunesse », de l’autre « les adultes ». Les sciences sociales, ainsi que des organisations solidaires, ont pourtant rappelé qu’il n’y a pas une mais des jeunesses.

Ce que nous vivons depuis mars 2020 a rappelé avec force la précarité, mais aussi et surtout les inégalités et les divisions parmi les jeunes. Le confinement a ainsi rendu visible et a décuplé les inégalités face au logement, que ce soit pour les personnes sans domicile fixe, résidant dans des foyers, des centres d’hébergement d’urgence, dans des logements insalubres ou surpeuplés.

Les études sur l’éducation ont aussi montré que cette période a eu un effet démultiplicateur des inégalités. À l’université par exemple, les étudiants d’origine populaire sont les premiers à pâtir du manque de moyens humains et matériels – qui inquiète les enseignants-chercheurs depuis de nombreuses années, tandis qu’augmente continuellement le nombre d’étudiants, et empêche de les accueillir sur place dans de bonnes conditions. À défaut, ces jeunes ont souvent dû suivre des enseignements à distance, alors qu’ils n’ont pas toujours le matériel informatique adapté ou, quand ils l’ont, ne le maîtrisent pas forcément.

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